Passage à l'âge adulte (1993-1994)

L'objectif de P2A : retracer l'enchainement des étapes que les jeunes franchissent dans leur progression vers l'âge adulte et comprendre les différentes relations qui existent entre elles. ____ Dans les années 1980 et 1990, la jeunesse est devenue une transition de plus en plus problématique, installant les jeunes dans une période d'indétermination prolongée. La jeunesse est le groupe de jeunes, bien entendu, mais aussi la transition qu'ils vivent de l'adolescence à l'âge adulte. Ce passage est jalonné par plusieurs étapes : départ de chez les parents, accès au premier emploi stable et à l'indépendance financière, formation d'un couple, naissance du premier enfant. Les causes et les manifestations de cet allongement de la période d'indétermination sont diverses : la progression ininterrompue du chômage depuis le début des années 1970 (le taux de chômage des 15-24 ans avait triplé pour les hommes entre 1976 et 1986 (de 6,5% à 17,5%) et doublé pour les femmes (de 14% à 17,5%)) et par conséquent l'accès plus tardif à l'indépendance économique, le déclin du mariage et l'apparition de nouveaux comportements familiaux, où les jeunes avaient acquis une plus grande liberté - ils n'étaient plus tenus d'être mariés pour vivre ensemble ou pour avoir un enfant (à la fin des années 1960 moins d'une femmes sur cinq vivait un couple sans se marier ; en 1993, quatre sur cinq). En effet, depuis les années 1980 les jeunes restaient plus longtemps chez leurs parents, et le premier départ n'était pas toujours définitif. Après avoir obtenu un emploi stable, on n'était pas forcément "sorti d'affaire" et l'on pouvait retomber dans la précarité. De même, l'obtention d'un logement indépendant pouvait être suivie d'une cohabitation avec la famille d'origine. Deux enquêtes portant sur les jeunes et sur les transitions qui se produisent pendant la jeunesse avaient été réalisées antérieurement à la présente étude : l'enquête de l'Ined IE0152 "Quand vient l'âge des choix" (Catherine Villeneuve-Gokalp, 1978) et l'enquête du G.E.R.M. et de la Direction Régionale de Marseille de l'INSEE, "Entrée dans la vie active et modes de vie" (Francis Godard, 1986). Pour les besoins de l'enquête "Passage à l'âge adulte" ont été interrogés des jeunes adultes qui avaient déjà franchi la plupart de ces étapes qui jalonnent cet âge de transition, et plus précisément des personnes âgées de 25 à 34 ans au 1er janvier 1994. Elles ont été invitées à retracer l'histoire de leur jeunesse. L'objectif était de retracer l'enchainement des étapes que les jeunes franchissent dans leur progression vers l'âge adulte et de comprendre les différentes relations qui existent entre elles. Objectifs de l'enquête : 1) L'enquête avait pour premier objectif de recueillir les biographies familiales, conjugales, résidentielles et professionnelles des personnes interrogées, de la fin de la scolarité obligatoire à la date de l'enquête. Une attention particulière a été accordée en outre aux moments où la situation de l'individu est incertaine et son statut flou, et où d'autres orientations auraient pu être prises. Ainsi, les chercheurs se sont intéressés au statut d'étudiant salarié, au phénomène de double résidence (en logement collectif et chez les parents, par exemple), aux fréquentations amoureuses stables sans cohabitation permanente, ainsi qu'au retour chez les parents après une phase d'autonomie résidentielle (ce que les sociologues appellent la "recohabitation"). Dans quelles conditions certaines tentatives avortent ? Pourquoi telle fréquentation "sérieuse" ne s'est pas transformée en couple, pourquoi la personne interrogée a interrompu tel cycle d'études ou démissionné de tel emploi, dans quelles conditions s'est effectué un retour temporaire chez les parents ? D'une manière générale, les chercheurs se sont intéressés aux refus et aux choix négatifs. Y a-t-il des refus de stabiliser une situation (professionnelle ou amoureuse), ou des intentions explicites de reporter des engagements ? Refuse-t-on d'effectuer des mobilités géographiques à but professionnel ou de faire un enfant avant telle échéance ? 2) Un second objectif a été de décrire les comportements et les modes de vie associés à cet âge de transition. Ainsi il importait de connaître assez précisément l'évolution des moyens d'existence individuels, si l'on voulait situer l'apparition et la progression de l'autonomie financière. Le passage à l'âge adulte impliquait probablement une modification du rapport à l'argent, qu'on pouvait observer par le biais de l'épargne, du crédit et de l'évolution du mode de consommation (dépenses de loisir ou achats de biens durables ?). Les biens durables pouvaient également être considérés comme des instruments et des attributs de l'autonomie : on a cherché à dater l'acquisition d'un certain nombre d'entre eux (moyen de locomotion, télévision, machine à laver le linge ...). Par ailleurs, les chercheurs se sont intéressés à tous les comportements dits "à risque", dans leur contenu comme dans leurs effets : sont-ils liés à une forme de précarité sociale ? Ils ont étudié les comportements liés à l'automobile, à la moto, ainsi qu'aux sports à risque. La consommation d'alcool, de tabac, de drogue, le problème des dépressions nerveuses et des tentatives de suicide ont été abordés également. La stabilisation sociale de l'individu va de pair avec une transformation de ses comportements "juvéniles" : moins de sorties le samedi soir, moindre fréquentation du café, moins de sport, plus d'épargne. Est-ce une transformation mécanique ou une transformation volontaire ? 3) Le troisième objectif a été de décrire l'évolution des relations avec le milieu familial d'origine dans la transition à l'âge adulte. Plusieurs aspects ont été considérés. L'exemple professionnel ou conjugal des parents peut fonctionner comme modèle ou comme repoussoir et être à la source de projets explicites ou d'attitudes de principe chez leurs enfants (faire ou ne pas faire comme son père ou sa mère). Cela donne-t-il lieu à des pressions, efficaces ou non, pour la poursuite des études (de certaines études) ou pour l'entrée dans le monde professionnel ? Le réseau familial est-il actif et efficace pour l'obtention d'un" bon emploi" ou pour des "petits boulots" ? Certains enfants sont invités à quitter le logement familial. Comment se font les pressions? D'autres restent ou reviennent au bercail. Dans quelles conditions matérielles les "cohabitants prolongés" et les "recohabitants" peuvent-ils rester chez leurs parents ? Les chercheurs se sont demandé également si les parents exerçaient encore une influence sur la mise en couple de leurs enfants. Dans ce domaine, tout est possible : des parents qui incitent leurs enfants à ne pas se marier lorsqu'ils vivent en couple, à ceux qui font toujours du mariage un préalable ... Par ailleurs, les formes de solidarité familiale ont également été évaluées : prise en charge totale ou partielle des jeunes pendant leurs études, ou lorsqu'ils n'ont pas d'emploi, aides exceptionnelles au moment de l'installation résidentielle, de la mise en couple ou de la rupture du couple. Quand ces aides font-elles défaut ? A partir de quand se réduisent-elles ? Enfin la composition et les activités des divers groupes de pairs fréquentés à chaque étape ont été déterminés. Jouent-ils, eux aussi, un rôle dans le passage à l'âge adulte ? L'exemple, l'aide, ou le conseil des pairs interviennent-ils pour le choix d'un cycle d'études, d'un emploi, d'un conjoint, d'un logement ? 4) Le quatrième objectif a été de décrire précisément la spécificité des comportements des jeunes femmes. Ils se sont fortement modifiés dans les trois dernières décennies antérieures à l'enquête sans jamais s'identifier aux comportements des hommes. Ainsi les enjeux familiaux ou conjugaux restaient toujours très nettement formulés chez les premières. Existe-t-il chez les jeunes femmes sans emploi ou sans diplôme une stratégie explicite de mise en couple rapide ? Inversement peut-on repérer chez d'autres jeunes femmes une volonté plus affirmée que chez les hommes de retarder la formation du couple, ou sa consolidation par le mariage ou la venue du premier enfant? L'enquête a accordé une attention particulière aux jeunes femmes qui n'ont pas essayé d'entrer sur le marché du travail ou qui ont échoué dans leurs tentatives : quelle est leur représentation du travail et de la famille ? Inversement quel est le processus qui conduit toujours certaines femmes diplômées à vivre seules ? Enfin les ruptures précoces d'unions de cohabitants sont abordées. Les femmes jouent-elles dans ces ruptures "juvéniles" le même rôle moteur que dans les divorces ?

Non probabiliste : quota Les chercheurs ont utilisé la méthode des quotas. Ils ont ainsi décidé d'interroger 3000 personnes, qui avaient entre 25 et 34 ans. Étant donné que l'échantillon se limitait à une tranche d'âge assez étroite, il a été possible d'utiliser des critères de quotas relativement nombreux : 1) L'âge - deux groupes ont été distingués : 25-29 ans et 30-34 ans (50/50) ; 2) Le sexe/l'activité - 4 groupes: les hommes sans emploi (étudiants, chômeurs), les hommes ayant un emploi, les femmes sans emploi (étudiantes, au foyer, au chômage), les femmes ayant un emploi (l'objectif était de contrôler la tendance «naturelle» des enquêteurs à interroger des femmes au foyer) ; 3) Le statut conjugal - personnes en couple ou non, sans tenir compte du statut matrimonial légal ; 4) La catégorie socioprofessionnelle de la personne de référence du ménage - 7 groupes, correspondant à la classification à un chiffre de l'INSEE : agriculteurs, artisans et commerçants, cadres et professions intellectuelles supérieures, professions intermédiaires, employés, ouvriers, inactifs n'ayant jamais travaillé. Les quotas ont été élaborés à partir d'une exploitation particulière de l'enquête Emploi de 1992, et ont été calculés par région Ined (Nord-Ouest, Nord-Est, Sud-Ouest, Sud-Est, Région Parisienne), et à l'intérieur de chaque région, par strate. Les strates ayant été retenues sont : communes rurales, agglomérations urbaines de moins de 20 000 habitants, agglomérations de 20 000 à 200 000 habitants, agglomérations de de plus de 200 000 habitants sauf Paris, agglomération parisienne. L'agglomération parisienne est subdivisée en 3 strates : Paris intra muros, Petite couronne (92,93,94), Grande couronne (91,95,78,77). Les enquêteurs avaient également pour consigne de diversifier au maximum l'échantillon : ne pas interroger uniquement des personnes diplômées, ou au contraire non diplômées, et ne pas hésiter à interroger des étrangers.Nonprobability.Quota

Entretien en face-à-face : papier et crayon (PAPI) Questionnaire passé en face à face par 243 enquêteurs. La durée de passation du questionnaire était d'une heure et quinze minutes environ.Interview.FaceToFace.PAPI

Identifier
Source https://www.zotero.org/groups/1909419/publications_non_ined_sur_enquetes_ined/items/collectionKey/LM3TM6HA
Metadata Access https://datacatalogue.cessda.eu/oai-pmh/v0/oai?verb=GetRecord&metadataPrefix=oai_ddi25&identifier=ccff676c734fbad2ede4902de657c232cdceea2adb79ab97ab56751b4b4fab64
Provenance
Creator BOZON Michel; VILLENEUVE-GOKALP Catherine
Publisher Institut national d'études démographiques (Ined)
Publication Year 2004
Funding Reference Institut national d'études démographiques; Caisse nationale d'allocations familiales
Rights Les fichiers diffusés dans le cadre de Quetelet-PROGEDO-Diffusion sont accessibles aux chercheurs français et étrangers, doctorants, post-doctorants, et étudiants de master à des fins de recherche, de production scientifique et dans certains cas d'enseignement. Toute utilisation commerciale est exclue. Les critères d'une finalité de recherche sont la production ou reproduction, dans un but de validation de connaissances nouvelles de portée générale. Les résultats sont publics et libres de diffusion.
OpenAccess true
Contact https://www.ined.fr/
Representation
Language French
Resource Type Données d'enquête
Discipline Social Sciences
Spatial Coverage France métropolitaine; France